La Ville 30 sera effective à partir du 1er janvier 2021. Si la réduction de la vitesse des voitures aura un impact positif sur la sécurité routière, nous apprenons au travers d’une étude que la qualité de l’air serait moindre à 30km/h qu’à 50km/h.
Ma question visait donc à être rassuré par le ministre de l’environnement sur les aspects environnementaux de la mesure. Il est important d’objectiver pour convaincre les détracteurs de cette initiative.
J’ai par ailleurs insisté sur la nécessité de davantage synchroniser les feux sur les grands axes afin de bien y reporter le traffic de transit et libérer les quartiers résidentiels. S’agissant d’ondes vertes, je ne doute pas que les ministres Ecolo et Groen y seront particulièrement sensibles.
Demande d’explication de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière, et à M. Alain MARON, Ministre, chargé de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Energie et de la Démocratie participative.
Concerne : L’impact sur la pollution de la zone 30 au regard de l’étude commandée par Touring
La Région bruxelloise a décidé la mise en œuvre de la Ville 30 à partir du 1er janvier 2021. A cette date, la vitesse par défaut sera de 30km/h et plus de 50km/h. Cela signifie que la signalisation changera et que, à défaut de panneau de limitation de vitesse, la vitesse autorisée sera limitée de 30km/h.
Compte tenu du fait que, aujourd’hui, la plus grande majorité des voiries de notre région est déjà en zone 30, cette nouvelle dynamique permettra de corriger certaines incohérences au sein de mêmes quartiers, de réduire le nombre de panneaux de signalisation. Il est bien entendu, et nous y sommes particulièrement sensibles, que les grands axes doivent être maintenus à 50km/h, voire 70km/h et que le choix des voiries qui ne seraient pas limitées à 30km/h se feraient en concertation avec les communes concernées.
Les atouts d’une Ville 30 ou d’une zone 30 sont multiples :
- une meilleure sécurité routière: chaque année, 50 personnes sont tuées ou gravement blessées à cause d’excès de vitesse en Région bruxelloise. L’objectif premier de la Ville 30 est donc d’augmenter la sécurité des usagers de la route. On estime qu’un piéton renversé par une voiture a deux fois plus de chance de survivre s’il est percuté à 30 km/h qu’à 50 km/h, et 5 fois plus qu’à 70 km/h.
- des conditions plus favorables au développement d’une vie locale: meilleure qualité de l’air, diminution des nuisances sonores, environnement plus sûr où nous pourrons nous déplacer à pied ou à vélo en toute confiance. Là où la circulation est apaisée, la mobilité se met au service de la ville et de ses habitants.
Sur ce dernier point relatif à la qualité de l’air, le journal « La Capitale » du 18/6/20 nous révèle que, à l’heure actuelle, selon une étude commandée par Touring, rouler à 30km/h à vitesse constante entraînerait une consommation d’essence, et donc une pollution plus importante, que rouler à 50km/h. Cet article précise notamment que les voitures ont été développées pour consommer moins dans certaines conditions, qu’il va falloir encore du temps au secteur automobile pour amortir les brevets existants et mieux adapter les voitures à la circulation en ville à basse vitesse, la solution étant de rouler avec des véhicules hybrides ou électriques qui consomment moins à basse vitesse mais qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Il nous indique aussi que le phénomène de pollution pourrait être aggravé par le nombre fréquent de ralentissements, d’arrêts puis de redémarrages des automobiles en villes. Il soulève enfin la question de la fluidité du trafic automobile via la régulation des feux de circulation en fonction du trafic.
A la lecture des conclusions de cette étude commandée par Touring au professeur Luc Claessens, il me semble important d’y voir plus clair sur l’impact de la mise en ville 30 dans notre Région sur l’un de ces objectifs principaux, à savoir l’amélioration de la qualité de l’air. Si nous ne doutons pas des effets positifs d’une vitesse réduite sur la sécurité routière, nous nous devons d’être rassurés sur l’impact positif de la mesure sur la qualité de l’air. Et si des études démontrent que l’objectif poursuivi ne sera finalement pas rencontré, autant le savoir assez tôt pour adapter nos actions.
J’ai déjà eu l’occasion de vous interroger sur le sujet en question d’actualité. Votre réponse a été assez tranchée et visait plus à décrédibiliser le commanditaire de l’étude que d’apporter des réponses aux questions que je posais.
Pour que les choses soient claires, je ne suis pas le représentant ou le porte-parole de Touring. J’ai réagi à un article de presse évoquant une étude sur la qualité de l’air, et quelle que soit la valeur ou la pertinence de l’étude aux yeux de chacun d’entre nous, je trouve important d’y répondre par des données objectivées plutôt que par des avis personnels.
A côté de l’amélioration de la sécurité routière au sujet de laquelle des démonstrations ont été faites sur l’avantage de rouler à une vitesse réduite pour la sécurité des gens, c’est indiscutable, un autre objectif de la Ville 30, c’est l’amélioration de la qualité de vie des habitants et de la qualité de l’air ou encore la réduction des nuisances sonores.
Au delà même de cet article de presse, je trouve intéressant de demander au Gouvernement régional qui défend cette Ville 30, initiative que nous soutenons bien entendu aussi, les études permettant de démontrer cette amélioration de la qualité de l’air. Cela nous donne à tous de bons arguments en plus pour défendre ce projet.
Je ne suis pas de ceux qui défendent des dossiers avec des arguments d’autorité ou en dénigrant le contradicteur. Si l’on veut faire adhérer la population, si l’on veut convaincre certaines personnes opposées à la Ville 30, il faut le faire avec les bons arguments, avec les bons outils, et ces bons outils, ce sont notamment les études qui objectivent la situation. Raison pour laquelle je repose la question ici en commission, les débats d’actualité ne permettant pas d’aller au fond des choses.
J’en viens donc à mes questions :
- Depuis la publication de l’article dans la presse du 18 juin, vous avez sans doute pu prendre connaissance de l’étude commandée par Touring. Pourriez-vous me faire part de la position du Gouvernement sur celle-ci ?
- Pourriez-vous me dire sur quelles études se basent la Région pour conclure que la zone 30 / Ville 30 est bénéfique pour l’environnement et la qualité de l’air ? Pourriez-vous nous en communiquer les références et conclusions ?
- Le Gouvernement ou Bruxelles Mobilité – dans le cadre de l’élaboration du plan Good Move ou en dehors –, a-t-il rencontré des représentants du secteur automobile, des associations de consommateurs, des représentants du monde économique ou encore des chercheurs… pour aborder cette question de la Ville 30, mais aussi celle de l’adaptation des véhicules à des vitesses basses en ville ? Dans l’affirmative, lesquels et quelles suites ont été données à ces rencontres ?
- Au regard du régime de vitesse actuel sur les voiries communales et régionales, pourriez-vous m’indiquer quel est le pourcentage global et le nombre de kilomètres de voiries communales et régionales dont la vitesse est déjà limitée à 30km/h (ou moins) et quel sera le pourcentage et le nombre de kilomètres de voiries qui seront limitée par défaut à 30km/h au 1er janvier 2021 ?
Marc LOEWENSTEIN
Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Environnement du 15/07/2020. Il est disponible quelques jours après la date du débat.