L’augmentation du temps de trajet domicile – lieu de travail

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Le temps de trajet domicile – lieu de travail a augmenté de 25% en trois ans. Certaines entreprises bruxelloises envisagent la délocalisation. Comment endiguer la congestion routière ?

Demande d’interpellation de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois FDF, à M. Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement bruxellois, chargé des Pouvoirs locaux, de la Politique de la Ville, du Développement territorial, des Monuments et Sites, du Tourisme et des Affaires étudiantes, et à M. Pascal SMET, Ministre, chargé des Travaux publics, de la Mobilité et des Transports.

Concerne : L’augmentation du temps de trajet domicile – lieu de travail

La presse du 15 janvier fait écho d’une étude réalisée par Agoria, la fédération des entreprises technologiques, sur leur accessibilité. L’augmentation du temps de parcours entre le domicile et le lieu de travail y est chiffrée à 25%, pour 9 travailleurs sur 10.

Selon cette même étude, la fédération des entreprises technologiques représente 31.000 emplois. 60% des entreprises technologiques perçoivent les problèmes de mobilité comme des incitants à la délocalisation, contre 18% en 2008 . La congestion des accès affecte le recrutement du personnel, la stabilité des équipes et la pérennité des emplois pour 63 % des entreprises.

Ces entreprises sont situées dans la zone industrielle le long du canal, et en périphérie nord-nord-est de la région, dans des zonings mal desservis par les transports en commun. L’accessibilité en voiture n’est pas plus optimale avec un temps de parcours doublé aux heures de pointe.

La situation a déjà fait l’objet de deux enquêtes, en 2008 en 2012, et depuis lors, malgré plusieurs plans d’action bruxellois, on constate soit un statut quo, soit une dégradation des conditions. Selon les médias, pendant que nous portons le titre de « capitale des embouteillages », aux Pays-Bas, ils ont été diminués de moitié par l’utilisation de dispositifs technologiques qui existent déjà (feux de circulation intelligents, gestion centralisée des incidents pour une réaction plus rapide, caméras de surveillance de la mobilité avec mise en place de parcours alternatifs assistés par GPS).

L’information défraie la chronique, mais elle n’est pas nouvelle.

En réponse à une interpellation en séance plénière du 28 novembre 2014, le Ministre-Président déclarait déjà que la périphérie avait été reconnue comme « chantier prioritaire, et ce, afin de déployer l’économie bruxelloise ». Il ajoutait alors que « avant la fin de 2014, nous soumettrons un projet d’accord de coopération aux deux autres régions ». La conclusion de cet accord de coopération entre les Régions était quant à elle prévue pour la fin mars 2015. Il précisait en outre, dans l’intervalle, que « conformément au prescrit de la loi spéciale du 19 juillet 2012, toute la concertation aura lieu ». Enfin, deux groupes de travail, l’un sur l’élargissement du Ring, et l’autre sur la réciprocité STIB – DeLijn, devaient se rencontrer le 15 décembre 2014, et le calendrier aurait été établi.

Dans mon interpellation du 28 novembre dernier, je déclarais qu’ « une concertation, un accord de coopération nécessite un dialogue et une volonté commune des différents acteurs d’aller dans un même sens », que « nous sommes en début de législature et je garde encore l’espoir que cette volonté communiquée de concertation est bien réelle, réciproque et sans ambiguïté ».

Lors d’une question posée au Parlement flamand au Ministre-Président Geert Bourgeois le 14 janvier dernier, ce dernier a répété qu’il était favorable à des accords bilatéraux, sans que cela nécessite une communauté métropolitaine. Il a par ailleurs précisé qu’il attendait le projet d’accord de coopération du gouvernement bruxellois tout en soulignant que, si la communauté métropolitaine voit le jour, elle ne pourrait que donner des avis non contraignants pour les divers niveaux de pouvoir…

Mon inquiétude de novembre dernier semble donc se confirmer.

Où en est-on aujourd’hui par rapport à ce projet d’accord de coopération ? A ce jour, il n’a, me semble-t-il, pas encore été déposé sur les bancs du Gouvernement. Qu’en est-il ? Quid de votre agenda ? Y a-t-il quelque chose qui bloque ?

A côté de cette concertation institutionnelle, que faire maintenant pour entamer la réduction de la congestion routière?

Dès à présent, des mesures individuelles sont envisagées par les entreprises technologiques: une organisation différente des horaires, l’octroi d’une indemnité vélo ou d’une prime au covoiturage, la mise en service de navettes, l’introduction d’un budget « mobilité durable », et le télétravail apparaissent comme des alternatives. Elles ne sont toutefois pas transposables à l’envie.

A la question de savoir ce que peuvent faire les autorités publiques, des réponses claires se dégagent dans notre déclaration de politique générale et ont déjà été abordées lors de divers débats :

  • L’accessibilité des parcs d’activités économiques en renforçant le réseau de transport public et surtout, par la mise en fonction le RER existant. En effet, le Ministre-Président rappelait déjà le 28 novembre dernier que « plus de 70 % du réseau existe physiquement et nous pouvons le faire fonctionner. Il est donc temps que les entités fédérées, Régions bruxelloise, flamande et wallonne, s’expriment d’une seule voix ». Le Gouvernement bruxellois soulignait d’ailleurs dans sa déclaration de politique générale « la nécessité de mettre en œuvre sans plus tarder une offre RER sur la zone métropolitaine », et se fixait comme délais de réorganisation « décembre 2014 ».
  • La concrétisation d’un accord avec la Région flamande et la Région wallonne afin de créer au moins 20 000 places de parking de dissuasion à l’extérieur du Ring et de les rendre accessible en transport en commun.
  • La poursuite de Pulsar et de l’automatisation des lignes 2 et 6 .
  • L’amélioration des liaisons métro, tram et bus de et vers les zones industrielles, notamment via le nouveau Plan directeur Bus.
  • Le développement de lignes interrégionales notamment pour les lignes 62, 94, le plateau du Heysel et pour la liaison vers la gare de Ruisbroeck ».

Mon interpellation ne visera pas ici à vous demander où on en est par rapport à ces différents chantiers qui nécessitent du temps à mettre en œuvre et pour lesquels vous avez déjà pu répondre par ailleurs. Néanmoins, il est important de rappeler qu’ils existent et que s’ils se concrétisent, ils apporteront certainement une amélioration en terme de mobilité.

Le Gouvernement s’est prononcé, toujours dans sa déclaration de politique régionale, en faveur des entreprises technologiques. Est-ce que, dans le cadre de la réduction de la pression automobile et de la lutte contre la congestion, le Gouvernement prévoit-il de créer un fonds bruxellois visant à soutenir les initiatives des entreprises en matière de mobilité durable (comme en Flandre) ?
Selon Agoria, les entreprises technologiques sont enclines, quoi qu’on en dise, à réduire l’utilisation de la voiture, si cette réduction s’inscrit dans un cadre fiscal clair pour le budget mobilité.

Parmi ses demandes, Agoria propose par ailleurs l’introduction d’une taxation kilométrique intelligente pour les voitures. C’est aussi l’occasion de vous demander ce qu’il en est de VIAPASS, système de prélèvement kilométrique sur le territoire des trois régions pour les poids lourds.

Quant au recours aux nouvelles technologies et à la modernisation de la signalisation, on sait, au travers de votre déclaration de politique régionale, que le Gouvernement se concentrera en priorité sur les 15 lieux et trajets les plus congestionnés de la Région en optimalisant les aménagements de voiries ainsi que la gestion des feux de signalisation, avec une meilleure prise en compte de la densité de trafic. Parle-t-on bien ici de feux intelligents placés sous une autorité centrale du trafic intégrée, autorité qui gérera la mobilité en temps réel, en coordination avec les écrans dynamiques de télé-jalonnement ? Quelle coordination intelligente existera entre les différents dispositifs de signalisation ?

Quid par ailleurs du développement des nouvelles technologies comme cela peut se faire dans d’autres pays avec des résultats intéressants que l’on connaît par exemple aux Pays-Bas, même si une situation n’est pas une autre ? La Région travaille-t-elle sur le développement d’applications, sur l’exploitation du système GPS ou sur d’autres systèmes ? Dans l’affirmative, pourriez-vous nous éclairer sur les projets en cours ?

Enfin, lorsque l’on analyse les projets repris dans notre déclaration de politique régionale et les demandes d’Agoria, alors que certains laissent plus apparaître des oppositions, il y a de nombreux points de convergence. Reste aujourd’hui à concrétiser nos projets et montrer aux entreprises des signaux clairs afin de les rassurer et éviter leur exode.

Marc LOEWENSTEIN

Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission de l’Infrastructure du 9/02/2015. Il est disponible quelques jours après la date du débat.

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