L’empreinte environnementale des véhicules électriques et l’état d’avancement des mesures gouvernementales en faveur de l’électrique

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Aujourd’hui, la majorité des voitures fonctionne à l’essence ou au diesel. Afin d’améliorer la qualité de l’air, d’autres énergies font l’objet de recherche en vue d’être mieux et davantage exploitées comme l’électricité ou le CNG.

Si l’électricité semble être la plus exploitable, est-elle pour autant la meilleure sur le long terme ? Est-il pertinent de basculer dans un système du « tout à l’électrique » ?

Un basculement total vers l’électrique présente plusieurs contraintes qu’il est important de relever pour éviter de trop vite investir dans une énergie qui, demain, pourrait être obsolète.

Interpellation de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à M. Guy VANHENGEL, Ministre, chargé des Finances, du Budget et des Relations extérieures, à M. Pascal SMET, Ministre, chargé des Travaux publics, de la Mobilité et des Transports, et à Mme Céline FREMAULT, Ministre, chargée du Logement, de l’Environnement, de l’Energie et de la Qualité de vie.

Concerne : L’empreinte environnementale des véhicules électriques et l’état d’avancement des mesures gouvernementales en faveur de l’électrique

Aujourd’hui, rien ne sert de rappeler l’importance des enjeux environnementaux tellement ceux-ci sont grands. Notre empreinte énergétique se fait de plus en plus ressentir. Les énergies fossiles s’épuisent et la pollution est une véritable problématique. Nos voitures utilisent une grande partie de cette énergie. Dès lors, afin d’améliorer la qualité de l’air et lutter contre le réchauffement climatique, d’autres énergies font l’objet de recherche en vue d’être mieux et davantage exploitées comme l’électricité ou le CNG.

Si l’électricité semble être la plus exploitable, est-elle pour autant la meilleure sur le long terme ? Est-il pertinent de basculer dans un système du « tout à l’électrique » ?

Le système du moteur électrique est simple : la batterie permet de convertir l’énergie électrique directement en énergie cinétique de sorte que la voiture puisse avancer. C’est donc la batterie qui stocke l’entièreté de l’énergie consommée. Dès lors, un tel moteur émet bien moins de pollution qu’un moteur à combustion. De plus, le moteur électrique est aussi particulièrement efficace étant donné qu’il exploite 80 à 95% de l’énergie stockée dans la batterie contre 40% de l’énergie qui serait stockée dans un réservoir à carburant fossile .

Néanmoins, un basculement total vers l’électrique présente plusieurs contraintes qu’il est important de relever pour éviter de trop vite investir dans une énergie qui, demain, pourrait être obsolète.

La première contrainte est le coût de production d’une batterie de voiture électrique. Cela se répercute d’ailleurs sur le prix d’achat d’un véhicule de ce type qui peut coûter environ 10 à 15 000 € de plus qu’un modèle équivalent doté d’un moteur à combustion . Et au plus la voiture sera électriquement autonome, au plus elle sera chère .

La seconde, en plus d’être coûteuse, cette production est plus polluante à cause des matériaux utilisés .

Ensuite, le temps de recharge d’un véhicule électrique ne permet pas d’avoir une véritable efficience. Celui-ci dure entre 6 et 8 heures pour recharger une batterie vide. Et s’il existe une méthode plus rapide « fast charging », celle-ci ne fera qu’augmenter les coûts du véhicule et diminuer sa longévité .

Par ailleurs, le recyclage des batteries est très polluant à cause des composantes métalliques des batteries au lithium tel le plomb . Les techniques doivent encore faire l’objet d’innovations pour être totalement efficaces. Pour l’instant seuls 60% des composantes d’une batterie peuvent être recyclés.

Quant à la durée de vie d’une batterie, elle serait d’environ 5 ans . Des nouvelles perspectives sont exploitées pour améliorer les performances des batteries. Au Québec par exemple, d’ici 2020, les scientifiques aimeraient créer une batterie qui stockerait l’énergie électrique produite par la rotation des roues pour qu’ainsi les véhicules électriques soient plus indépendants.
Néanmoins, il semble à leur avis impossible de combler par ce système la carence énergétique des voitures électriques qui manque cruellement d’indépendance dans ce domaine .

Une autre contrainte technique des véhicules électriques est naturellement le mode de production de l’électricité utilisée. Si l’électricité consommée est entièrement produite de manière nucléaire alors l’empreinte écologique des véhicules électriques sera importante. Si, par contre, l’électricité est produite de manière écologique par le biais des énergies renouvelables telles que l’énergie éolienne ou encore hydraulique, alors l’empreinte de ces véhicules sera véritablement intéressante.

Enfin, la production et les procédures administratives ont des difficultés à suivre l’évolution des technologies. Un système performant à un moment x peut devenir obsolète au moment de l’aboutissement des procédures administratives nécessaires à son implémentation.

Le service d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA) du Parlement européen avait annoncé en 2007 que seuls les véhicules hybrides seraient à même dans 20 à 30 ans de répondre à ces contraintes . Dix ans plus tard, nous voyons pourtant que l’intégration de ce type de véhicule reste difficile dans notre marché et que l’électrique n’y a toujours pas une place dominante.

Selon notre Déclaration de politique régionale, « Afin de soutenir l’innovation automobile et promouvoir les véhicules propres, le Gouvernement favorisera le véhicule électrique en soutenant le secteur privé à investir dans la mise en place d’un maximum de points de recharge sur l’ensemble de la Région, en accélérant le choix prioritaire de véhicules électriques pour les services publics, ou en offrant aux Bruxellois la gratuité de la carte de riverain pour les véhicules électriques ou à faible émission de CO2 ».

Si la Région Bruxelloise veut encourager davantage l’électrique, il sera indispensable que l’investissement soit pensé dans sa globalité pour être réellement efficace et donc qu’il ne se limite pas à des aménagements de points de recharges dans toute la Région ou à des mesures ponctuelles sans évaluer les effets collatéraux.

Lorsque l’on analyse les résultats à l’étranger, en Allemagne par exemple, le Gouvernement fédéral a investi dans l’électrique, entre 2009 et 2011, 500 millions d’euros pour avoir un marché de masse en 2017. Et les résultats sont bien en dessous du million de voitures électriques prévu sur le marché en 2016. Ainsi, les résultats des ventes ne montrent pas une seule voiture électrique dans le top 20 des ventes pour l’année 2016 .

Il y a dans le développement de l’électrique une grande responsabilité des Etats de par leurs incitants et investissements financiers. La France, la Grande Bretagne, le Portugal ont investi et le succès n’a pas été atteint, sans parler des Etats-Unis qui ont investi plus de 2 milliards $ dans le marché électrique sans grands changements .

Outre les actions reprises dans la déclaration gouvernementale, une autre manière pour la Région de développer le marché des véhicules électriques serait de baisser les charges fiscales sur ceux-ci.

Deux méthodes fiscales peuvent être mise en œuvre :
– soit une prime à l’achat (en Allemagne, ces primes étaient de l’ordre de 5 000 euros, avec les faibles résultats que l’on a pu constater compte tenu des objectifs).
– soit baisser les charges fiscales qui pèsent sur les véhicules électriques : selon une analyse de Deloitte, « Depuis l’exercice 2016, les voitures électriques sont totalement exemptées de la taxe de circulation annuelle et de la taxe de mise en circulation. Il est à noter toutefois que cette exemption ne vaut que pour la Région flamande ! À Bruxelles et en Wallonie, la taxe de circulation est toujours fixée à 79,07 EUR et la taxe de mise en circulation à 61,50 EUR » .

Compte tenu de ce qui précède, le Gouvernement pourrait-il m’indiquer :

  • Quelle est sa position par rapport aux contraintes liées aux véhicules électriques ? Est-il conscient de l’impact environnemental global de l’usage de véhicules électriques ?
  • Quelles actions ont été menées pour favoriser le véhicule électrique en soutenant le secteur privé à investir dans la mise en place d’un maximum de points de recharge sur l’ensemble de la Région ?
  • Où en est-il dans l’accélération du choix prioritaire de véhicules électriques pour les services publics ?
  • Quid de l’idée reprise dans la déclaration de politique régionale – et non reprise dans la modification de l’ordonnance et des arrêtés stationnement – d’offrir aux Bruxellois la gratuité de la carte de riverain pour les véhicules électriques ou à faible émission de CO2 ?
  • Enfin, qu’en est-il de l’état d’avancement de la réforme des taxes de circulation et de mise en circulation pour les véhicules propres ?

Marc Loewenstein


Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission des Finances et Affaires générales du 19/6/2017. Il est disponible quelques jours après la date du débat.


(photo: RTBF.be)

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