Les suites données aux soupçons de fraude aux badges au sein de la STIB

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Si la fraude à la pointeuse peut paraître anodine pour certains tant elle est courante et pas facilement contrôlable, il est important de vérifier son ampleur. En l’espèce, si les témoignages sont confirmés, nous ne serions pas ici face à un cas isolé mais à un système impliquant des agents de la STIB à différents niveaux.

S’agissant ici de deniers publics et de la plus grande entreprise publique de Bruxelles, il est absolument nécessaire que la STIB soit irréprochable dans sa gestion de cette affaire et intransigeante dans sa réaction. C’est une question de bonne gouvernance et c’est de l’intérêt même de la STIB de faire toute la lumière.

Question d’actualité de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.

Concerne : Les suites données aux soupçons de fraude aux badges au sein de la STIB

La presse du 20 février dernier nous révélait via un témoignage anonyme qu’un appareil pirate aurait été mis au point pour dupliquer les badges professionnels de la STIB. Selon ce témoignage, des dizaines d’agents l’auraient utilisé et se seraient rassemblés chez l’un d’eux durant leurs heures de travail au lieu d’être sur le terrain. Des codes auraient également été mis en place pour que les dispatcheurs ne contactent pas ces personnes durant leurs absences. Si ceci est avéré, cela démontrerait à tout le moins qu’un système frauduleux aurait été soigneusement mis en place et qu’il y aurait forcément des complices à plusieurs niveaux.

Une autre source témoigne que cette fraude serait connue de beaucoup et que ce serait un secret de polichinelle.

Le témoignage publié dans la presse de samedi est inquiétant et mérite d’être repris ici :
« Je devais travailler en binôme avec un senior qui allait m’apprendre le boulot, mais, durant cette année, je n’ai vraiment rien appris vu qu’on ne foutait en réalité strictement rien. Après même pas un mois d’entrée en fonction, on m’a fourni la copie du badge professionnel de mon senior pour que je puisse pointer à sa place le début et la fin de son service. Le reste de mon temps de travail, je le passais le plus souvent chez lui, à la maison.
Il y avait une dizaine d’autres agents de la Stib qui étaient souvent chez lui. Ils passaient leur temps à boire de l’alcool, fumer des joints et ils se payaient même des prostituées, y compris par temps de pandémie. Moi, je passais mon temps à faire des courses pour eux en payant de ma poche. Je devais par exemple ramener le petit-déjeuner.
C’était l’un des chefs qui faisaient des copies des badges professionnels avec un appareil acheté sur internet. Il y avait un langage codé à la radio pour faire en sorte que les dispatcheurs, qui étaient aussi de mèche, ne s’adressent pas à nous en notre absence.
La seule chose qu’il (le senior) m’avait proposée et que j’avais refusée avant que j’apprenne que je n’étais pas repris, c’était de lui payer une somme de 2.000 euros pour que je puisse continuer à travailler à la Stib. Il m’avait dit : « Si tu me donnes cet argent, je peux aller voir la hiérarchie et t’obtenir directement un poste, les yeux fermés.
»

Informée par le journaliste de La Capitale vendredi fin d’après-midi, la porte-parole de la STIB a répondu ne pas être au courant de cette situation et qu’une enquête via les services IT et HR n’était pas envisageable le jour-même. Réagissant à la suite de la sortie de l’article ce samedi 20 février, la STIB a précisé que, si la fraude est confirmée, les travailleurs qui utilisent un badge frauduleux seront licenciés.

La STIB a par ailleurs réagi en interne pour charger le journaliste et le menacer de poursuite pour diffamation, tout en précisant que, si les faits sont avérés, c’est très grave, cela fera l’objet d’un renvoi immédiat et plainte pour détournement d’argent public. La STIB appelle par ailleurs tout agent qui sait quelque chose à le dénoncer à la direction sous peine de se rendre complice…

S’agissant ici de deniers publics et d’une entreprise publique, la plus grande de Bruxelles, il est absolument nécessaire que la STIB soit irréprochable dans sa gestion de cette affaire et intransigeante dans sa réaction. C’est une question de bonne gouvernance. Et c’est de l’intérêt de la STIB de faire toute la lumière.

Au regard de la situation, si tout ceci est confirmé, le licenciement des personnes concernées n’est pas suffisant. Mon groupe réclame une enquête approfondie ET indépendante sur l’ampleur de cette fraude.

Par ailleurs, si, encore une fois, tout ceci se confirme, il semblerait donc que, alors que les travailleurs honnêtes accomplissaient courageusement leurs devoirs, en particulier durant cette période de Covid19, certains auraient décidé de se donner du bon temps sur le dos du contribuable et en rackettant au moins un travailleur junior… C’est inacceptable.

Mes questions seront les suivantes :

  • Quelles démarches et mesures ont été prises depuis la révélation de cette information tant à la STIB qu’au niveau du Gouvernement bruxellois ?
  • Les services IT et HR ont-ils enquêté ? Quand ont-ils débuté leurs enquêtes ? Des premières conclusions peuvent-elles déjà être tirées ? Si oui, lesquelles ?
  • Comment un appareil acheté sur le web a-t-il pu tromper les systèmes de pointage de la STIB ? Pendant combien de temps ? Si une telle faille existe au niveau du système de pointage de la STIB, cela mérite une analyse approfondie et une sécurisation urgente du système ?
  • Au vu de cette situation particulièrement grave et de sa nature, et au-delà des démarches effectuées en interne pour identifier le problème, prévoyez-vous bien de réaliser une enquête approfondie et indépendante ?
  • Enfin, quelles garanties seront apportées aux membres du personnel qui sont prêts à témoigner mais qui craignent des représailles?

Je vous remercie pour vos réponses.

Marc LOEWENSTEIN


Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 23/02/2021. Il est disponible quelques jours après la date du débat.

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