Port du casque et sécurité routière

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La ministre de la mobilité a communiqué sur le Plan régional de sécurité routière 2021-2030 et rappelé la vision zéro mort poursuivie par le gouvernement.

Le grand absent du plan : le casque, qu’il soit facultatif ou obligatoire, il n’est que timidement évoqué alors qu’il est essentiel pour nous de prendre des mesures protégeant à tout le moins les plus vulnérables, sauver des vies ou préserver les victimes d’accidents de séquelles graves

Pour rappel, le port du casque est obligatoire pour tous en Slovaquie et en Espagne ; en Autriche, Croatie, Estonie, France, Lettonie, à Malte, en Slovénie et en Suède, les enfants doivent porter un casque de vélo; la limite d’âge variant de 10 ans à Malte à 18 ans en Lituanie et République tchèque. Pourquoi pas en Belgique et, plus particulièrement à Bruxelles ?

Demande d’explications de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.

Concerne : La place du port du casque pour les cyclistes dans le Plan régional de sécurité routière 2021-2030

Le 28 décembre 2021, vous avez communiqué dans « La Capitale » au sujet du Plan régional de sécurité routière 2021-2030 et rappelé la vision zéro mort poursuivie par notre gouvernement. Il est temps de mettre un terme à ces accidents qui brisent des vies et endeuillent des familles

Vous y annoncez que le Plan régional, qui comprend 30 actions, s’étendra sur une période de 10 ans. Il faudra sans doute du temps et des budgets pour améliorer les connaissances et sécuriser les infrastructures, réaliser des études, engager du personnel, changer les mentalités… Nous nous réjouissons de l’importance que vous y accordez, notamment, aux piétons. Comme vous le savez, le groupe DéFI leur accorde une attention toute particulière. Nous sommes tous des piétons. De même, nous insistons sur la nécessité de protéger les abords et les trajets vers l’école. 

Si certaines des 30 actions prévues dans le Plan prendront du temps pour être implémentées, d’autres pourraient être prises à plus court terme, avec parfois peu de budgets et produire rapidement leurs effets pour certains usagers. Je pense ici notamment à la sécurité des cyclistes et des trottinettistes, toujours plus nombreux ces dernières années, et dont l’augmentation a été accélérée par la pandémie. Je vous avais d’ailleurs interrogée le 5 octobre dernier sur les chiffres sur la sécurité routière publiés par VIAS pour le premier semestre 2021. Concernant les cyclistes, ces chiffres montraient une hausse du nombre de cyclistes victimes d’accidents à Bruxelles. On y constate aussi une hausse du nombre d’accidents “sans opposants” : en clair, plus de cyclistes ont un accident n’impliquant personne d’autre qu’eux-mêmes. Et lorsque je parle de chiffres concernant les cyclistes, ils incluent les trottinettistes qui ne font pas encore l’objet de statistiques isolées.

Au sein du groupe DéFI, nous pensons qu’il est nécessaire de prendre des mesures protégeant celles et ceux qui, quotidiennement ou non, et pour beaucoup de raisons différentes, ont fait le choix de se déplacer en ville à vélo. Nous pensons aussi qu’il est nécessaire de protéger celles et ceux dont le vélo est un outil de travail. Ainsi, les livreurs, qui travaillent dans des conditions difficiles, doivent être mieux protégés en cas d’accidents.

Une mesure de protection peu coûteuse, efficace, logique et qui peut sans aucun doute sauver des vies ou préserver les victimes d’accidents de séquelles graves consiste à promouvoir activement le port du casque à vélo, voire à rendre ce port du casque obligatoire pour certaines catégories d’usagers. Vous connaissez la position de mon groupe : nous plaidons pour le port du casque obligatoire pour les jeunes enfants de moins de 14 ans et, comme l’a suggéré ma collègue Joëlle Maison lors de nos discussions budgétaires, sommes favorables à son instauration pour les livreurs qui travaillent à vélo. Il s’agit là de préserver des catégories d’usagers les plus vulnérables, soit parce qu’ils sont jeunes et davantage susceptibles d’être blessés à la tête, soit parce qu’ils circulent beaucoup, par tout temps et à toute heure, sont tenus par des délais de livraison et se trouvent souvent dans des situations précaires. 

Dans la partie « SAFE BEHAVIOUR » du Plan, l’action 24 « Sensibiliser sur les risques associés aux grands “killers” de la route »est la suivante « La Commission européenne rappelle qu’il est nécessaire de lutter particulièrement contre certains phénomènes d’insécurité routière comme les vitesses excessives et inadaptées, l’utilisation incorrecte de la ceinture de sécurité et des équipements de sécurité (sièges autos, utilisation des casques vélos, motos…), la distraction ou encore les assuétudes. ».

C’est le seul endroit où l’on aborde le port du casque vélo. Cela nous semble insignifiant au regard des ambitions du Plan 2021-2030, mais aussi au regard des mesures prises ailleurs en Europe. Pour rappel, le port du casque est obligatoire pour tous en Slovaquie et en Espagne ; en Autriche, Croatie, Estonie, France, Lettonie, à Malte, en Slovénie et en Suède, les enfants doivent porter un casque de vélo; la limite d’âge variant de 10 ans à Malte à 18 ans en Lituanie et République tchèque. Pourquoi pas en Belgique et, plus particulièrement à Bruxelles ? 

L’action 24 est donc le seul endroit où l’on évoque de manière très limitée le casque, et ce, alors qu’ailleurs dans le Plan, on fait notamment les constats que :

  • « Les accidents de cyclistes seuls avec blessures corporelles représentaient 15% du nombre d’accidents en 2019, contre presque 20% en 2021. Toutefois, cette augmentation relative ne doit pas faire perdre de vue que plus de 80% des accidents cyclistes avec dégâts corporels impliquait un autre usager de la route. »
  • « Tout comme le sont les piétons, les usagers de trottinettes et les cyclistes, les utilisateurs de deux-roues motorisés sont des usagers dits vulnérables au sens de la sécurité routière. (…). Ils ne possèdent en effet pas de protection extérieure. Cette vulnérabilité, comme pour les autres usagers vulnérables, s’observe dans les statistiques. (…) On observe (…) depuis 2011 (…) une augmentation lente et continue du nombre de décès ».

Pourtant, lorsqu’il s’agit d’aborder les actions pour répondre à ces constats, pas un mot sur le port du casque.

J’en viens à mes questions :

  1. Pouvez-vous nous présenter les chiffres définitifs pour l’année 2021 du nombre d’accidents impliquant des piétons et des cyclistes en Région bruxelloise ?
  2. Des études existent-elles sur les accidents des livreurs à vélo dans la Région bruxelloise ?
  3. Quid de la promotion du port de casque et de mesures de protection pour les cyclistes et trottinettistes ?
  4. Quelle est la place du port du casque pour les cyclistes dans ce Plan 2021-2030 ? Pourquoi ne pas suivre les 13 pays européens qui ont été vers une obligation du port du casque pour certaines catégories de cyclistes ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Marc LOEWENSTEIN


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