Le GRACQ organise une formation en désobéissance civile non violente dans le cadre de son cycle “Militances”.
Cette asbl qui défend les cyclistes au quotidien est subventionnée par les pouvoirs publics.
Selon nous, une formation en désobéissance civile subventionnée par les pouvoirs publics interpelle. Raison pour laquelle j’ai interrogé la ministre de la mobilité sur le sujet.
Demande d’explications de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.
Concerne : Le soutien à l’atelier de désobéissance civile non violente organisé par le GRACQ
Pendant la période des fêtes de fin d’année, certains se sont émus sur les réseaux sociaux d’apprendre l’organisation par le Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens (GRACQ) d’une formation en désobéissance civile non violente, dans le cadre de son cycle “Militances” organisé pour l’année 2021.
En allant sur le site du GRACQ. on peut lire au sujet de cette formation que “Nous explorons la pratique de la désobéissance civile afin d’alimenter la réflexion du GRACQ autour de cette pratique militante. Au cours de trois soirées l’asbl AFICo nous emmène à la découverte de ce mode d’action. Nous permettrait-elle d’arriver plus rapidement à nos fins? Permettrait-elle de conscientiser davantage le grand public? Ou au contraire desservirait-elle notre cause?” . Issue de la FGTB, reconnue en Éducation Populaire et en Insertion Socioprofessionnelle, l’asbl AFICo est particulièrement militante. Elle organise des formations, des animations, des conférences-débats, des expositions.
La désobéissance civile a été littéralement inventée par Henry David Thoreau (1817-1862) dans son essai sur le sujet publié en 1847. Pour rappel, elle consiste à lutter sans violence contre des lois jugées injustes au nom d’un principe moral supérieur, au risque d’aller en prison. Cette désobéissance civile, c’est Henry David Thoreau refuse de payer l’impôt pour financer la guerre que son pays mène contre le Mexique et qui lutte contre l’esclavagisme. Cette désobéissance civile, c’est Gandhi qui lutte contre l’impérialisme britannique dans les Indes. Ce sont aussi ces noirs américains qui entrent dans des restaurants qui leurs sont interdits dans certains États du Sud en plein XXe siècle.
La question de la désobéissance civile apparaît à la page 15 du rapport d’activités 2019 du GRACQ : “Le GRACQ a choisi la militance comme fil conducteur de son auto-évaluation et pose un regard introspectif sur ses pratiques en la matière. C’est ainsi qu’une enquête est notamment menée auprès de l’ensemble des membres de l’association et que différents ateliers sur la militance, et notamment la désobéissance civile, sont organisés. Ce travail de réflexion et d’évaluation sera continué au premier semestre 2020.” Je suppose que la période sanitaire que nous avons traversée en 2020 n’aura pas permis d’organiser cette réflexion et cette évaluation, dès lors reportée à l’année 2021.
Ces ateliers consacrés à la désobéissance civile non violente se tiendront en 3 soirées: Histoire & Principes de la désobéissance civile, distinction entre désobéissance civile et action directe non violente (28/01/2021) ; Tour d’horizon des modes d’action utilisés dans le cadre de la désobéissance civile non violente (4/02/2021) ; Notion de groupes affinitaires & Réflexions autour de la violence et de la non-violence (11/02/2021).
La militance, l’engagement, la mobilisation font partie de l’ADN du GRACQ. Nous avions d’ailleurs été particulièrement attentifs à intégrer certaines de ses propositions à notre programme pour les dernières élections régionales. Si je comprends parfaitement que le GRACQ organise dans le cadre de son cycle “Militances” ses formations “Communiquer avec les médias” et “Brevet Européen de Premier secours”, je me pose des questions sur ces formations à la désobéissance civile non violente en matière de cyclisme quotidien. Cet atelier m’interpelle plus particulièrement au vu des tensions, clivages, oppositions grandissants entre les différents acteurs de la mobilité – puisque certains ont dépensé beaucoup d’énergie à dresser ces acteurs les uns contre les autres en 2020 – et une méfiance croissante vis-à-vis de l’autorité publique et du monde politique, dont un des rôles est de faire les lois.
Au regard de ce qui précède, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :
- Avez-vous pris connaissance du rapport d’activités 2019 du GRACQ ?
- Avez-vous eu connaissance de la mise en place de ces ateliers de désobéissance civile au sein du GRACQ ? Dans l’affirmative, quelle a été la réaction du gouvernement ?
- Avez-vous établi des contacts avec le GRACQ pour comprendre ses motivations ? Quels sont les objectifs poursuivis par le GRACQ à travers ces ateliers ? Obtenir et retenir l’attention des décideurs politiques ? Entraîner à leur suite l’opinion publique ?
- Si le GRACQ, comme d’autres acteurs de la mobilité, mérite d’être soutenu par les pouvoirs publics, appartient-il néanmoins notamment à la région bruxelloise (puisque j’interroge ici le gouvernement bruxellois) de subsidier ce type de formation ?
Je souhaiterais comprendre les motivations qui poussent le GRACQ à organiser cette formation. Je suis inquiet de l’état de notre société et des tensions multiples qui la traversent. Et je rappelle que nous avons encore la chance de vivre dans une démocratie dans laquelle les lois sont votées par des députés issus majoritairement, pour le moment du moins, de formations politiques démocratiques.
Je vous remercie pour vos réponses.
Marc LOEWENSTEIN
Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 19/01/2021. Il est disponible quelques jours après la date du débat.