L’utilisation de la carte bancaire comme mode de paiement des transports publics

|

La STIB fera tester à partir du 15 janvier 2020 par son personnel le paiement sans contact par carte bancaire.

Si l’on peut saluer l’avancée technologique et le fait que cela facilitera la vie d’un certain public (3 à 4% de la clientèle), dont les touristes, la question se pose de sa mise en oeuvre et de son financement.

Il y a en effet aujourd’hui environ 7.000 valideurs MoBIB à doubler, sans compter le prix du logiciel (+/- 5 millions €), la gestion du projet, les installations, … Cela devrait donc coûter plusieurs dizaines de millions d’euros…

Question orale de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.

Concerne : L’utilisation de la carte bancaire comme mode de paiement des transports publics et le projet EMV

Les cartes de crédit, et ensuite les cartes de débit, dont Bancontact, sont devenues « sans contact », permettant ainsi, pour de petits montants, de payer simplement en approchant sa carte du lecteur, sans entrer de code. Cela a ouvert une nouvelle approche pour le transport public: au lieu d’acheter des billets, l’utilisateur paierait directement son voyage dans le bus ou à l’entrée du métro en présentant sa carte bancaire comme il le ferait avec une carte MoBIB. Pour remplacer un ticket occasionnel, c’est très facile. Ensuite, on pourrait continuer comme à Londres : la première fois que je paie, je paie le tarif à l’unité (Jump = 2,10€) ; si, dans le mois, je consomme plus de 10 voyages, je ne paie au final que le prix d’une carte de 10 voyages (10 Jump = 14€ soit 1,40 EUR par voyage) ; et si je dépasse le prix de l’abonnement mensuel (49€ pour le STIB), je ne paierai plus au-delà de 49€.

Seulement, contrairement à Londres ou à Paris, où il y a un système de gestion centrale des billets (Transport for London / Ile de France Mobilité), à Bruxelles, il n’y en a pas. Sur la carte MoBIB, les opérateurs qui ont les clés peuvent écrire, alors que sur la carte de banque on ne peut pas écrire. En d’autres termes, pour Jump, l’information « a déjà payé dans l’heure à la STIB ou chez un autre » est passée par la carte MoBIB. Avec la carte de banque, cela doit passer par le système central. Comme il n’y en a pas, c’est impossible. La STIB dira « les autres peuvent connecter sur le système de la STIB et alors cela marchera ». Le problème, c’est que les autres ne veulent pas se connecter sur le système STIB et De Lijn implémente par ailleurs son propre système. Se posera également la question de savoir comment les TEC ou la SNCB pourraient utiliser le système informatique de la STIB.

Au-delà de cette situation, la lecture d’une carte de banque pour paiement est une opération qui nécessite de la sécurité. Cette sécurité est implémentée via une norme (PCI-DSS). Les lecteurs doivent être certifiés. Or, les lecteurs MoBIB de la STIB n’ont pas été achetés en pensant à la certification. Aujourd’hui, la STIB déploie seulement sa deuxième génération de lecteurs MoBIB. Ils sont donc là pour 10 à 15 ans. Adapter les lecteurs à la norme, coûte plus cher que d’en ajouter un second à côté. C’est la solution choisie par la STIB (et par De Lijn). Il va donc y avoir deux valideurs. Indépendamment du prix, cela va générer de la confusion chez le voyageur.

Outre que ce n’est pas très simple pour le voyageur, il y a aujourd’hui environ 7.000 valideurs MoBIB à doubler, sans compter le prix du logiciel (+/- 5 millions €), la gestion du projet, les installations, … Cela devrait donc coûter plusieurs dizaines de millions d’euros.

Élément neuf depuis le dépôt de ma question le 23 décembre dernier : on a pu tous apprendre le 25 décembre que la STIB prévoyait d’augmenter le titre de transport papier. On apprenait également que le paiement sans contact serait testé à partir du 15 janvier, soit à partir de demain, par le personnel de la STIB.

Compte tenu de ce qui précède et vu l’information communiquée deux jours après le dépôt de ma question, je vous poserai les questions suivantes, avec l’une ou l’autre adaptation selon l’actualité dont je ne doute pas que vous aurez tenu compte de votre côté :

  • Le paiement sans contact est en phase test à partir de demain. Pourriez-vous nous en dire davantage par rapport au déploiement vers le public de ce mode de paiement du titre de transport directement en posant sa carte bancaire à côté du valideur ?
  • Quel est le coût de ce projet ?
  • A-t-on évalué les revenus supplémentaires que ce système va générer pour justifier un tel investissement ?
  • Comment le projet sera-t-il financé ? La STIB vient de décider une augmentation de ses tarifs sur les titres de transport papier. Est-ce que les recettes supplémentaires escomptées serviront à financer ce nouveau service ou à contribuer au financement de la gratuité des moins de 25 ans et plus de 65 ans souhaité par certains ?
  • Les tarifs seront-ils les mêmes que pour les billets classiques ? Dans l’affirmative, comment paiera-t-on les banques dans la mesure où chaque voyage est un paiement et a donc un coût de transaction ?

Marc LOEWENSTEIN


Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 14/01/2020. Il est disponible quelques jours après la date du débat.


Source photo : BX1

Précédent

Budget communal 2020 : DéFI dénonce l’explosion des dépenses de personnel

La circulation des personnes à mobilité sur les zones piétonnes

Suivant

Laisser un commentaire