Sécurité routière: casque vélo & nouvelles technologies

|

La Commission Mobilité s’est penchée aujourd’hui sur le Plan régionale de Sécurité Routière 2021-2030, l’occasion de rappeler certains de nos combats : le port obligatoire du casque vélo pour les moins de 14 ans et les livreurs professionnels et l’utilisation des nouvelles technologies au bénéfice de la sécurité routière (dispositif anti-collision intelligent, big data…).

Intervention de Marc Loewenstein sur le Plan régional de sécurité routière 2021-2030

Je vous remercie, Madame la Ministre, ainsi bien évidemment que Bruxelles Mobilité, et plus particulièrement, Mme Janssens pour la présentation et M. De Mesmaeker qui nous suit sans doute à distance. Je pense que nous pouvons tous ici nous accorder sur la vision zéro mort poursuivie par notre gouvernement. Il est bien évidemment indispensable de tout faire, de manière structurée, réfléchie et sans tabous, pour en terminer avec ces accidents qui brisent des vies et endeuillent des familles

Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce plan, j’aimerais revenir pour ma part sur deux points plus particuliers : le matériel de protection et l’usage des nouvelles technologies.

Ce plan est structuré en 6 axes centrés, je cite, « sur le niveau de tolérance que le corps humain peut physiquement supporter sans protection ». Madame Janssens a expliqué la philosophie du plan mais cette phrase m’interpelle. Dans le meilleur des mondes, on n’aurait pas à se soucier de sa propre protection parce que tout l’environnement serait conçu pour que nous n’ayons pas à nous en soucier. Seulement, nous ne sommes pas dans ce monde idéal et autant la ceinture de sécurité est aujourd’hui une évidence, autant d’autres outils de protection devraient l’être.

Si certaines des 30 actions prévues dans le Plan prendront du temps pour être implémentées, d’autres pourraient être prises à plus court terme, avec parfois peu de budgets et produire rapidement leurs effets pour certains usagers. Je pense ici notamment à la sécurité des cyclistes et des trottinettistes, toujours plus nombreux ces dernières années. Je vous avais d’ailleurs interrogée le 5 octobre dernier sur les chiffres sur la sécurité routière publiés par VIAS pour le premier semestre 2021. Concernant les cyclistes, ces chiffres montraient une hausse du nombre de cyclistes victimes d’accidents à Bruxelles. On y constate aussi une hausse du nombre d’accidents “sans opposants” : en clair, plus de cyclistes ont un accident n’impliquant personne d’autre qu’eux-mêmes. Le baromètre 2021 publié il y a 2 semaines parle quant à lui de 1022 accidents enregistrés pour des trottinettes, ce qui constitue la partie émergée de l’iceberg puisqu’en cas de chute par exemple, peu d’usagers font appel à la police pour constater l’accident.

Au sein du groupe DéFI, nous pensons qu’il est nécessaire de prendre des mesures protégeant celles et ceux qui, quotidiennement ou non, et pour beaucoup de raisons différentes, ont fait le choix de se déplacer en ville à vélo. Nous pensons aussi qu’il est nécessaire de protéger celles et ceux dont le vélo est un outil de travail. Ainsi, les livreurs, qui travaillent dans des conditions difficiles, doivent être mieux protégés en cas d’accidents.

Une mesure de protection peu coûteuse, efficace, logique et qui peut sans aucun doute sauver des vies ou préserver les victimes d’accidents de séquelles graves consiste à promouvoir activement le port du casque à vélo, voire à rendre ce port du casque obligatoire pour certaines catégories d’usagers. Vous connaissez la position de mon groupe : nous plaidons pour le port du casque obligatoire pour les jeunes enfants de moins de 14 ans et nous sommes favorables à son instauration pour les livreurs qui travaillent à vélo. Il s’agit là de préserver des catégories d’usagers les plus vulnérables, soit parce qu’ils sont jeunes et davantage susceptibles d’être blessés à la tête, soit parce qu’ils circulent beaucoup, par tout temps et à toute heure, sont tenus par des délais de livraison et se trouvent souvent dans des situations précaires. 

Dans la partie « SAFE BEHAVIOUR » du Plan, l’action 24 « Sensibiliser sur les risques associés aux grands “killers” de la route »est la suivante « La Commission européenne rappelle qu’il est nécessaire de lutter particulièrement contre certains phénomènes d’insécurité routière comme les vitesses excessives et inadaptées, l’utilisation incorrecte de la ceinture de sécurité et des équipements de sécurité (sièges autos, utilisation des casques vélos, motos…), la distraction ou encore les assuétudes. ».

C’est le seul endroit où l’on aborde le port du casque vélo. Cela nous semble insignifiant au regard des ambitions du Plan 2021-2030, mais aussi au regard des mesures prises ailleurs en Europe. Je vous l’ai déjà dit lorsque je vous ai interrogé sur ce sujet il y a quelques semaines. Je continue à regretter que le casque n’ait pas une place dans ce Plan. Il ne suffit pas de se retrancher sur le fait que Bruxelles Mobilité organise des actions de sensibilisation au port du casque.

Pour nous, il s’agit d’une réelle lacune dans ce Plan sur 10 ans. On sauve des vies en évitant des morts, mais aussi des blessés graves avec séquelles à vie. Et le casque constitue un élément de protection bien nécessaire pour certaines catégories d’usagers en particulier.

Par ailleurs, les nouvelles technologies doivent permettre d’améliorer la sécurité routière.

L’action 29 prévoit la « mise en place des conditions nécessaires à l’utilisation du système ISA (Intelligent Speed Assistance) ». C’est quoi ISA ?  C’est un système embarqué dans les véhicules permettant de signaler de manière visible et audible quand la limite de vitesse est dépassée. Il est par ailleurs précisé que ce système sera obligatoire pour toutes les nouvelles voitures vendues en Europe à partir de juillet 2024.

Ma question : pourquoi ne va-t-on pas plus loin et ne travaille-t-on pas, comme cela existe dans d’autres pays, à l’installation de système anti-collision intelligent embarqué dans chaque véhicule, système permettant, outre de signaler à temps les risques de collision, également de collecter des données précieuses permettant d’améliorer la sécurité routière, d’identifier automatiquement les points noirs, le mauvais état des voiries…

J’ai déposé sous l’ancienne législature une proposition de résolution pour mettre en place ce système sur les bus de la STIB. Ma proposition a été adoptée le 27 avril 2018. Elle n’a à ma connaissance pas encore été mise en œuvre. Ce point fait l’objet d’une question orale que j’ai déposée et qui devrait être développée prochainement. Il n’en demeure pas moins que j’aimerais vous entendre sur les raisons pour lesquelles on se limite ici à mettre en œuvre un règlement européen et e système ISA, et on ne va pas plus en avant dans l’exploitation des nouvelles technologies et du big data. Que ce soit pour tous les véhicules ou à tout le moins les transports publics bruxellois qui parcourent quotidiennement de nombreux kilomètres.

Marc Loewenstein

Précédent

Stationnement des trottinettes : ça va changer

Les échos du Conseil

Suivant