Certaines catégories de personnes ne peuvent se déplacer qu’en voiture, et souvent en voiture adaptée, il s’agit de personnes à mobilité réduite souffrant de certains handicaps.
Pour celles-ci, la voiture est symbole d’autonomie.
Avec la création de zones piétonnes et semi-piétonnes, nous arrivons à des situations où certaines catégories de public ne peuvent pas profiter et sont ainsi exclues de ces nouvelles artères qui se veulent conviviales et tisseuses de liens.
Selon la charte Handistreaming et la Convention des Nations Unies pour le Droit des Personnes Handicapées, ce n’est pas aux PMR à s’adapter à leur environnement mais aux responsables politiques à s’attaquer aux obstacles qui compromettent leur participation à la vie économique, sociale et culturelle.
Ces principes d’autonomie et d’intégration sont défendus par la Région bruxelloise. Encore faut-il qu’ils soient bien appliqués.
Question orale de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.
Concerne : La circulation des personnes à mobilité sur les zones piétonnes et le respect de la charte Handistreaming
Dans la démarche Good Move, le véhicule individuel n’est plus reconnu comme une partie de la solution pour les déplacements à Bruxelles. Seulement, certaines catégories de personnes ne peuvent se déplacer qu’en voiture, et souvent en voiture adaptée, il s’agit de personnes à mobilité réduite (PMR) souffrant de certains handicaps. Or, pour celles-ci, la voiture est symbole d’autonomie, autonomie hautement importante dans la société inclusive que nous défendons.
Avec la création de zones piétonnes et semi-piétonnes, nous arrivons à des situations où certaines catégories de public ne peuvent pas profiter et sont ainsi exclues de ces nouvelles artères qui se veulent conviviales et tisseuses de liens.
Pour rappel, en 2015, la Région bruxelloise a signé la charte Handistreaming. Cette charte stipule qu’ « Il n’y a plus lieu de s’attendre à ce que les personnes en situation de handicap s’adaptent à leur environnement, mais bien que les responsables politiques s’attaquent aux obstacles qui compromettent leur participation à la vie économique, sociale et culturelle. Ce signal fort est un engagement à adopter, dans tous les domaines, des réglementations et mesures facilitant l’intégration des personnes en situation de handicap ».
Quant à la Convention des Nations Unies pour le Droit des Personnes Handicapées, ratifiée par la Belgique et par la Région bruxelloise, elle stipule que « les personnes avec un handicap ont le droit de vivre de manière autonome et d’être pleinement intégrées à la société ».
Malheureusement, ce principe n’est pas toujours respecté et, avec la progression de zones piétonnes et l’émergence de la mobilité douce à Bruxelles, les personnes en situation de handicap moteur se retrouvent souvent exclues de la vie économique, sociale et culturelle.
Or, pour les personnes se déplaçant en béquilles ou en fauteuil roulant manuel, les distances des zones piétonnes sont souvent impossibles à parcourir et, par conséquent, ces zones deviennent ou sont ressenties par les personnes concernées comme des zones d’exclusion. Pour des personnes en situation handicap moteur, chaque déplacement est un réel parcours du combattant qui inflige régulièrement des douleurs physiques. Un taxi ou un fauteuil roulant électrique deviennent trop souvent le seul moyen de déplacement dans des zones piétonnes ou semi-piétonne.
Le propos n’est pas ici de déplorer la promotion par la Région de la mobilité douce et d’espaces de convivialités mais de concilier ses objectifs avec ceux de la charte Handistreaming et la Convention des Nations Unies pour le Droit des Personnes Handicapées.
Compte tenu de ce qui précède, j’aimerais vous poser les questions suivantes :
- Comment l’inclusion des personnes en situation de handicap est-elle intégrée lors de l’élaboration de zones piétonnes ou semi-piétonnes ?
- Au sein de ces zones, des dérogations à l’interdiction de circulation en voiture existent déjà pour certains types d’utilisateurs (taxis, véhicules de riverains, livraisons, etc.). Est-il prévu de rendre également ces zones accessibles aux véhicules PMR ? Dans l’affirmative, à quelles conditions ?
- Une concertation est-elle menée sur cette question avec les communes concernées ?
- Existe-t-il bien des zones de stationnement réservées aux PMR aux extrémités de chacune des zones piétonnes et semi-piétonnes de la Région ?
- A défaut ou en complément de dérogations accordées à certaines PMR, le Gouvernement a-t-il étudié la possibilité de développer :
- des zones de « dépôts » / « Kiss&Drive » pour les personnes handicapées moteur – ces zones pourraient servir de point de repères et faciliter les rendez-vous entre les personnes handicapées et les chauffeurs de taxis ou toutes autres personnes ou services pouvant déposer/récupérer la personne en situation de handicap.
- de mettre à disposition des personnes en situation de handicap, à proximité de stationnements pour les personnes handicapées, des fauteuils roulants électriques en libre-service (ou sur abonnement) ou alors des véhicules adaptés à ces zones, de type tuk tuk, voiture de golf ou autres, ayant accès aux zones piétonnes ?
- Enfin, dans le cadre de la création de nouvelles zones piétonnes, est-il envisagé de favoriser des zones mixtes, à savoir des petites zones piétonnes et des zones à accès limité (ZAL), au lieu de grandes zones piétonnes très difficiles, voire impossibles à parcourir pour des personnes en situation de handicap moteur ?
Marc LOEWENSTEIN
Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 14/01/2020. Il est disponible quelques jours après la date du débat.