L’accessibilité aux services, mais aussi à l’information, doit être physique mais aussi virtuelle. Chacun depuis son canapé ou dans le métro devrait pouvoir accéder à des informations le concernant en toute autonomie, mais aussi les comprendre.
Si des initiatives sont déjà prises par la STIB pour améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap, ma question porte ici plus précisément sur la compréhension par les sourds et malentendants des informations reprises dans des vidéos et le recours à la langue des signes.
Question orale de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.
Concerne : La communication visuelle sur les sites web de la STIB et de Bruxelles Mobilité
Madame la Ministre,
Notre DPR prévoit que « le Gouvernement proposera des aménagements qualitatifs de l’espace public, en tenant compte de la dimension genrée et de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Une information complète concernant le niveau d’accessibilité aux personnes en situation de handicap et autres personnes à mobilité réduite des infrastructures et lieux ouverts au public sera donnée aux utilisateurs et visiteurs ». Elle prévoit également que « (l’accessibilité) aux personnes à mobilité réduite au réseau de transport en commun et l’amélioration du confort général sera un point essentiel de la politique d’investissement de la STIB (ascenseurs, sanitaires, assistance, signalétique et communication, etc.) ».
Nous apprenions ce 6 janvier 2021 que la commune de Woluwe-Saint-Lambert était la première des 19 communes bruxelloises à proposer une communication visuelle aux sourds et malentendants. Cette décision est le fruit d’un long travail qui a mobilisé des agents communaux motivés par l’apprentissage de la langue des signes, pour permettre un accueil adapté aux sourds et malentendants qui devaient précédemment être accompagnés pour pouvoir être compris de leurs interlocuteurs. C’est ce genre d’initiative qui rapproche les Bruxellois et les Bruxelloises. C’est ce genre d’initiative qui ne laisse personne sur le bord du chemin. Aucun citoyen ne devrait se sentir comme un citoyen de seconde zone.
Cette accessibilité aux services mais aussi à l’information, elle doit être physique mais aussi virtuelle. Chacun depuis son canapé ou dans le métro devrait pouvoir accéder à des informations le concernant en toute autonomie, mais aussi les comprendre.
Au sujet du contact direct avec la clientèle, Unia signalait dans sa note de recommandation publiée en 2018 que « (le) personnel des KIOSKS et BOOTIKS n’est pas sensibilisé à l’accueil des personnes en situation de handicap et ne pratique pas la langue des signes ». Dans cette note toujours, Unia recommandait notamment :
- « L’application mobile et le site internet de la STIB devraient être mis aux normes internationales d’accessibilité, proposer des capsules vidéo d’informations en langue des signes et contenir des informations faciles à lire et à comprendre. » ;
- « Sensibiliser le personnel des Bootik à l’accueil des personnes en situation de handicap et prévoir une procédure pour accueillir les personnes sourdes qui pratiquent la langue des signes (recours à des agents qui connaissent la langue des signes, affiliation à Relais-Signes et au CAB Vlaanderen pour utiliser l’interprétation à distance ».
Ce faisant, il y a fort à parier que la STIB pourrait se mettre en conformité avec la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. On pourrait en dire de même sans doute de Bruxelles Mobilité.
Dans votre réponse à ma question écrite concernant la communication des services mis à disposition par la STIB pour améliorer l’accessibilité des PMR, vous me répondiez que « (toutes) les informations concernant les services de la STIB à destination des personnes à mobilité réduite (PMR) sont disponibles sur le site internet de la STIB (www.stib.brussels), dans la rubrique Accessibilité ». À l’heure actuelle, il n’y pas de capsules vidéo adaptées à un public sourd ou malentendant dans cette rubrique. Et les quelques capsules dont j’ai pu prendre connaissance sur le site de STIB ne sont pas sous-titrées. Sur la chaîne YouTube de la STIB, on constate avec plaisir que le sous-titrage est de règle, sauf pour le podcast en ligne « En route », mais peut-être faudrait-il qu’une traduction en langue des signes soit disponible. Quant au site de Bruxelles Mobilité, je n’y ai pas trouvé de capsules vidéo.
Je pense qu’il reste de beaux et importants chantiers à ouvrir pour toujours plus d’inclusion.
Madame la Ministre, voici mes questions :
- Une réflexion sur l’amélioration des contenus en ligne des sites web de la STIB et de Bruxelles Mobilité est-elle en cours, afin d’y intégrer pleinement les personnes en situation de handicap ?
- La Commission régionale de la Mobilité et sa section « Personnes à Mobilité Réduite » ont-elles été consultées sur ce sujet ?
- Une évaluation des coûts de production de capsules en langue des signes a-t-elle été réalisée ? Quel en est le montant ?
- Des formations sont-elles actuellement proposées aux agents de la STIB (notamment des Bootiks) et à Bruxelles Mobilité pour former des agents dits “signants” ? Dans l’affirmative, combien de formations sont-elles actuellement en cours ?
Ma question porte ici sur un point particulier de l’accessibilité, mais parler d’accessibilité, c’est parler d’autonomie, c’est permettre à chacun de vivre sa vie qu’il dispose de toutes ses capacités mentales et motrices ou qu’il soit moins valide.
Les associations comme le CAWaB parle de « Chaine de l’accessibilité » et de leurs maillons manquants. C’est important de voir les déplacements dans leur globalité, car ces maillons manquants peuvent dissuader les PMR de sortir de chez eux, ce qu’il faut à tout prix éviter.
Il s’agit là d’un combat de tous les jours tant que le reflexe accessibilité ne sera pas intégré par tous.
Marc LOEWENSTEIN
Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 09/02/2021. Il est disponible quelques jours après la date du débat.
(Photo : UNIA)