Accidents de trottinettes et sécurité routière

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A Bruxelles, le nombre d’utilisateurs de trottinettes électriques blessés a augmenté de 61,6 % entre 2021 et 2022. Certains utilisateurs de trottinettes restent imperméables aux règles du Code de la Route et totalement inconscients du danger dans lequel ils se mettent.

Il est indispensable d’implémenter les dropzones pour régler enfin le stationnement sauvage et dangereux, de faire respecter le Code de la Route et d’imposer des contraintes supplémentaires aux loueurs de trottinettes : roues plus larges, clignotants et klaxons, casque, arrêt automatique de la trottinette dès qu’elle est utilisée par plus d’une personne… et si cela ne suffit pas, il n’y aura sans doute pas d’autres choix que d’interdire les trottinettes partagées.

Demande d’explications de M. Marc LOEWENSTEIN, Député bruxellois DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.

Concerne : La politique bruxelloise de sécurité routière au regard des chiffres préoccupants du baromètre 2022 de VIAS

Ce 23 février, VIAS a communiqué son baromètre annuel et, plus précisément, les chiffres des accidents pour l’année 2022.

Ce qu’il en ressort, c’est que, avec 521 morts sur les routes belges durant l’année 2022, le nombre de tués sur les routes repart à la hausse. C’est 37 décès de plus qu’en 2021. Et lorsqu’on affine les données par régions, on note que le nombre de décès a diminué en Flandre en passant de 291 à 271 (-20), qu’il a par contre augmenté en Wallonie en passant de 187 à 229 morts (+ 42). Et c’est à Bruxelles que la hausse est proportionnellement la plus élevée : 21 décès en 2022 contre 6 en 2021.

Quant au nombre de blessés, même si données compilées en 2022 restent en dessous des statistiques de 2019, dernière année de référence avant les changements des habitudes de déplacement liés au Covid, il est en hausse dans les trois régions par rapport à 2021 : +10,3 % en Flandre, +0,8 % en Wallonie et… +18,2 % à Bruxelles.

Et là où la hausse du nombre de blessés et de décès est la plus marquée, c’est chez les piétons, les cyclistes et les utilisateurs de trottinette. 95 cyclistes sont morts en 2022 en Belgique, ils étaient 74 en 2021. Au total, la Belgique a compté 179 décès d’adeptes de la mobilité douce, soit un mort tous les deux jours.

Du côté des blessés, l’augmentation est de 13 % mais concerne plus particulièrement les utilisateurs de trottinette électrique chez qui le nombre de blessés a augmenté de 61,6 % en un an.

Nous l’avons déjà souligné ici à maintes reprises, les comportements dangereux à trottinette, et en particulier à trottinette partagée, sont légion à Bruxelles. On a beau adapter la législation fédérale (interdiction de rouler à deux sur une trottinette, âge minimal d’utilisation fixé à 16 ans, interdiction de rouler sur les trottoirs…) et le cadre régional (avec notamment la limitation de la vitesse dans certaines zones), certains utilisateurs de trottinettes restent à la fois imperméables aux règles du Code de la Route et totalement inconscients du danger dans lequel ils se mettent. Et la prise de conscience ne vient souvent que lorsqu’il est trop tard, après l’accident…

Inutile de vous rappeler l’étude sur les accidents de trottinettes réalisée par le docteur Youatou Towo, chirurgien au service des urgences de l’hôpital Saint-Pierre. Elle conclut en la nécessité de conscientiser davantage les utilisateurs de trottinette du danger dans lequel ils se mettent, mais aussi de porter des équipements de protection (casques, gilets réfléchissants, gants…).

Inutile non plus de vous rappeler la volonté de DéFI de rendre obligatoire le port du casque pour les cyclistes de moins de 14 ans – plus susceptibles d’être blessés à la tête que les cyclistes plus âgés – et pour les professionnels qui livrent, par tout temps, à vélo ou trottinette. Et nous ne sommes pas ici dans l’idéologie. Il s’agit d’une question de santé publique et de protection des usagers les plus vulnérables.

Inutile enfin de vous rappeler notre demande d’inciter davantage les loueurs de trottinettes partagées à amener leurs clients à utiliser le casque. Les loueurs pourraient intégrer des casques sur les trottinettes et demander aux utilisateurs de se photographier en début de course avec le casque sur la tête. En échange, la Région pourrait prévoir une redevance annuelle moindre. Vous aviez acquiescé à ma proposition il y a quelques mois ici en commission. Pourtant, selon mes informations, l’arrêté en préparation ne semble malheureusement pas en tenir compte.

La situation est particulièrement préoccupante. Il est important de dépasser les discours clivants visant à remettre la faute sur l’autre, de ne pas se focaliser que sur certaines mesures bien évidemment nécessaires comme le développement de pistes cyclables sécurisées ou certaines actions de sensibilisation qui restent, on ne peut que le constater, sans effets probants. Il faut aller plus loin et prendre des mesures plus fortes. Trop de vies sont gâchées aujourd’hui.

J’en viens à mes questions :

  • Quelles sont les mesures du plan régional de sécurité routière 2021-2030 que vous allez activer ou renforcer pour répondre à ces nouveaux constats et atteindre l’objectif de zéro mort, zéro blessé grave qui semble s’éloigner ?
  • Quelle évaluation faites-vous des actions de sensibilisation ? Quelles sont-elles ? Comment atteindre davantage de monde ? Des campagnes choc sont-elles prévues sur les réseaux sociaux, je pense plus particulièrement à ceux utilisés par les plus jeunes ? Un budget est-il prévu à cet effet ?
  • Quid plus particulièrement des campagnes de sensibilisation au port du casque pour les cyclistes et utilisateurs de trottinettes ? Quelles sont-elles et quels sont les messages précis qui sont délivrés ?
  • Par ailleurs, je lis dans la presse du 15 mars dernier que le Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC) souhaite que des mesures soient prises pour protéger les trottinettistes mais aussi les autres usagers de la route. Ainsi, on retrouve parmi les mesures, outre l’application stricte du Code de la Route et le renforcement de sanctions pour comportements illicites ou dangereux :
    • la fixation en usine d’une limite de vitesse à 20 km/h, avec une puissance maximale de 250 W
    • des roues plus larges
    • l’imposition de clignotants et klaxons
    • ou encore le port du casque obligatoire…
  • Quel suivi sera donné à ces propositions ?
  • Où en est l’élaboration de l’arrêté « trottinettes » et quid d’une redevance moindre pour les loueurs proposant un casque à leurs clients ? Ne pourrait-on par ailleurs pas imposer aux loueurs de trottinettes la mise en place d’un système permettant d’arrêter la trottinette dès lors qu’elle est utilisée par plus d’une personne ? 
  • Quelles actions avez-vous menées pour renforcer les contrôles et le respect des règles du Code de la Route, notamment pour les utilisateurs de trottinettes ?

Vu les nuisances en termes de stationnement et les chiffres d’accidentologie, la solution facile et radicale voulue par certains serait d’interdire les trottinettes partagées.

Selon moi, il ne faut pas aller jusque-là. Du moins, pas avant d’avoir pris certaines mesures pour intégrer au mieux ce mode de déplacement fort utile pour certains publics.

Pour DéFI, il est indispensable

  • d’implémenter les dropzones décidées par le Parlement il y a près d’un an pour régler enfin les nuisances en terme de stationnement sauvage et dangereux,
  • de faire respecter le Code de la Route et d’y mettre les moyens,
  • d’imposer certaines contraintes supplémentaires, en s’inspirant notamment des recommandations Conseil européen pour la sécurité des transports (roues plus larges, clignotants et klaxons, port du casque, arrêt de la trottinette dès qu’elle est utilisée par plus d’une personne…).

Ceci, pour sécuriser au maximum les trottinettistes et les autres usagers de la route, pour réduire les comportements irresponsables de certains et pour désengorger les services d’urgence.

Et s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra peut-être être plus radical.

Marc LOEWENSTEIN

Visionner mon intervention à partir de 1:11:30

Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 28/03/2023. Il est disponible quelques jours après la date du débat.

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