Une enquête de la Ligue Braille sur la mobilité des personnes aveugles ou malvoyantes indique que 55% des personnes aveugles ou malvoyantes sondées ne se sentent pas en sécurité dans leur mobilité et 91% de ces personnes rencontrent des obstacles. Parmi les obstacles les plus fréquemment rencontrés par ces personnes, trottinettes/scooters électriques et voiries en mauvais état.
Les personnes à mobilité réduite ne sont pas des citoyens de seconde zone. Elles ont le droit de circuler librement partout dans la ville, sans avoir peur de chuter ou d’être entravées dans leur cheminement.
Question orale de M. Marc LOEWENSTEIN, Député fédéral DéFI, à Mme Elke VAN DEN BRANDT, Ministre, chargée des Travaux publics, de la Mobilité et de la Sécurité routière.
Concerne : Les mesures pour améliorer la mobilité des personnes aveugles ou malvoyantes
Madame la Ministre,
Dans le cadre de la Semaine de la Ligue Braille qui se déroulait du 20 mars au 2 avril, le Ligue Braille rendait publique une enquête[1] sur la mobilité des personnes aveugles ou malvoyantes. Cette enquête présente des chiffres préoccupants : 55% des personnes aveugles ou malvoyantes sondées ne se sentent pas en sécurité dans leur mobilité et 91% de ces personnes rencontrent des obstacles. Parmi les obstacles les plus fréquemment rencontrés par ces personnes, trottinettes/scooters électriques et voiries en mauvais état sont principalement citées, à égalité, à 23% pour chaque catégorie.
La presse du 19 mars se faisait l’écho du témoignage interpellant d’un homme âgé de 71 ans qui est pratiquement aveugle depuis deux ans et qui vit des épisodes pénibles lorsqu’il sort de chez lui pour prendre les transports en commun. Son témoignage doit nous alerter tous, je le cite : « Les trottinettes électriques partagées, c’est la plus grande catastrophe, (…). Certains nous passent devant comme s’ils étaient en voiture, font des queues de poissons ou tapent sur notre canne, c’est insupportable. (…) Et le plus dérangeant, c’est que de nombreuses trottinettes sont garées en plein milieu du trottoir ou de la voie publique. Le problème, c’est que si elle est devant moi, avec le guidon à gauche par exemple, je ne la vois pas quand je balaye avec ma canne. Il arrive donc très souvent que je me tape le bas des jambes dessus, je me retrouve alors avec des plaies ou des hématomes (…) ».
Depuis le début de cette législature, mon groupe vous a interpellé à plusieurs reprises sur la problématique des accidents causés par des trottinettes en libre-partage, sur la question du civisme des usagers, sur le non-respect du cadre légal fédéral et régional applicable aux trottinettes, sur l’accessibilité pour les PMR, sur l’état des trottoirs en Région bruxelloise… J’ai participé activement à la modification de l’ordonnance sur la micromobilité initiée par votre groupe au Parlement bruxellois et pour laquelle nous attendons encore l’arrêté d’exécution..
Aujourd’hui, un Plan fédéral et régional de sécurité routière a été adopté par les gouvernements fédéral et régionaux. Et comme vous le savez, les chiffres VIAS sont mauvais et ils sont sans doute en-dessous de la réalité. J’ai eu l’occasion de revenir sur le sujet dans une autre question.
Les personnes à mobilité réduite ne sont pas des citoyens de seconde zone. Elles ont le droit de circuler librement partout dans la ville, sans avoir peur de chuter ou d’être entravées dans leur cheminement.
Madame la Ministre, cette situation m’amène à vous poser les questions suivantes :
- Des plaintes ont-elles été soumises à Bruxelles Mobilité par des personnes porteuses de handicap au sujet de trottinettistes inciviques ou après une chute due au mauvais état de la chaussée, des trottoirs… ?
- Des actions en justice ont-elles été éventuellement intentées contre la Région suite à des accidents ou à des incidents dus à des trottinettes/vélos électriques en libre-service qui seraient garés n’importe où par leurs utilisateurs ?
- Dans le cadre de la semaine de la Ligue, avez-vous rencontré des représentants de la Ligue au sujet des résultats de l’étude réalisés par la Ligue en 2023 ?
- Quelles mesures concrètes et concertées avec les autres Régions mais aussi avec les communes et les zones de police bruxelloises comptez-vous prendre pour améliorer ces mauvais chiffres en complément de l’arrêté d’exécution de l’ordonnance cyclopartage modifiée qui doit arriver? Quelles actions supplémentaires en lien avec la micromobilité ? Quelles actions supplémentaires en lien avec les infrastructures piétonnes (trottoirs, passage pour piétons, mobilier urbain, obstacles…) ?
Je vous remercie pour vos réponses.
Marc LOEWENSTEIN
Pour découvrir le compte rendu des débats, cliquez ici et choisissez la Commission Mobilité du 25/04/2023. Il est disponible quelques jours après la date du débat.
[1] Enquête menée de septembre à octobre 2022, en ligne et par téléphone. 664 répondants, dont 86 % de personnes malvoyantes et 14 % de personnes aveugles. 354 vivent en Flandre, 159 en Wallonie et 151 à Bruxelles.